Comment bien choisir sa bâtée ou pan d’orpaillage ?
Du pan à la bâtée, lequel choisir ? Quelle est la différence au juste entre tous les modèles et toutes ces formes ? Il est vrai que dans la plupart des forums d’orpaillage ou autres groupes Facebook, beaucoup se trompent sur ces 2 objets, certainement à cause de l’omniprésence des mots anglophones dans ce loisir. Pourtant, il s’agit bien de matériel de base indispensable pour pratiquer l’orpaillage. Sans l’utilisation d’un de ces 2 objets, il est quasi impossible de pratiquer l’orpaillage, bien que ce matériel soit le matériel de base pour un prospecteur. D’où l’importance de bien le choisir.
Pan ou bâtée traditionnelle, lequel est le meilleur ?
Pour se retrouver avec les mots, nous allons apporter quelques éclaircissements. La bâtée est le mot usuel pour le matériel d’orpaillage en forme circulaire que l’on utilise à la main. La bâtée regroupe donc le chapeau chinois ( bâtée traditionnelle) et le pan américain. Les 2 outils majeurs de base pour recherche de l’or. Pourtant, l’utilisation du mot « bâtée » est une déformation usuelle, car la bâtée est avant tout un chapeau chinois. Le pan, lui est un pan.
Dans l’inconscient collectif, quand on parle d’orpaillage, on a tous en tête l’image du chapeau chinois. De plus en plus, depuis une cinquantaine d’années, on voit ce que l’on appelle « des pans » ou « pans américains ». Le pan se traduit en français par « poêle ». Les 2 servent à récolter de l’or sous forme de paillettes de la façon la moins onéreuse qui soit. D’ailleurs, les pionniers californiens, lors de la ruée vers l’or, étaient souvent pauvres et se servaient de ce qu’ils avaient sous la main, et notamment une poêle.
Pour nous, le pan sert essentiellement à faire de la prospection et nettoyer le concentré de nos rampes de lavages. C’est pourtant un équipement de base, sans quo, on ne peut pas trouver d’or.
En y regardant de plus près, leur utilisation est assez différente.
La bâtée traditionnelle ou chapeau chinois :
Aujourd’hui, il est encore utilisé mais davantage pour un certain folklore que pour son efficacité. Son principe d’utilisation est essentiellement basé sur la densité de l’or et la force centrifuge. Pour un débutant, il est assez difficile à utiliser, car il demande une certaine dextérité et un temps d’apprentissage.
NB : En orpaillage, les actions hydrodynamiques qui sont utilisées sont la poussée d’Archimède, la densité des matériaux et ce que l’on appelle la « capacité » de l’eau ou d’un courant. La « capacité » de l’eau signifie son aptitude à déplacer des masses solides sous l’effet de son mouvement. On dit que plus il y a du courant et du débit, plus la capacité de l’eau est importante. Plus la densité de cet objet est importante, plus il faudra de capacité à l’eau pour le mouvoir.
Le chapeau chinois nécessite un tamisage préalable.
Cette bâtée a une forme de cône fermé, et fonctionne sur le même principe que les pans. Les matériaux les plus lourds vont rester dans la partie centrale. En présence d’eau (environ 1/6ème du volume de la bâtée), l’orpailleur opère une rotation de l’ensemble sable-eau. La rotation de la bâtée exerce sur l’eau et le sable la célèbre force centrifuge. L’orpailleur se sert de la masse d’eau dans la bâtée pour exercer sur le sable un entrainement vers l’extérieur par rotation. L’eau trie les sables les moins denses pour les expulser vers l’extérieur. Plus la rotation de la bâtée est forte, plus la capacité de l’eau dans la bâtée est importante, et plus les sables les moins denses seront mis en mouvement et éjectés à leur tour. C’est donc une décantation progressive qui s’effectue jusqu’à ne conserver que le sable noir, les minéraux semi-précieux et les paillettes d’or.
Le pan Américain.
Malgré une certaine ressemblance, l’utilisation d’un pan américain est bien différente et bien plus simple que le chapeau chinois. Clairement, comme son nom l’indique, il a la forme d’une poêle, mais une poêle bien particulière avec un fond plat et sur une partie des bordures, des petites marches que l’on appelle riffles. Son utilisation se base sur la densité élevée de l’or. On travaille au pan, toujours en présence d’eau.
NB : L’utilisation de l’eau est omniprésente en orpaillage. La caractéristique la plus intéressante avec l’eau est de pouvoir utiliser la poussée d’Archimède. C’est ceci qui permet de travailler plus facilement pour trouver de l’or. On utilise donc la poussé d’Archimède pour exploiter au maximum la densité (importante) si caractéristique de l’or.
Comme avec la bâtée, la toute première étape est de secouer les graviers en présence d’eau pour faire descendre l’or au fond. Le fait de secouer le pan permet de mettre en suspension tous les graviers et sables dans l’eau. Par effet de gravité, le sable léger remonte à la surface, alors que le lourd descend. On procède alors à un « lavage partiel » des graviers dans le pan en se servant des riffles comme barrage, par effet de débordement. L’or, lourd, se retrouve coincé au pied des riffles. On recommence alors l’opération jusqu’à avoir une quantité de sable la plus faible possible. Normalement, vous devriez apercevoir du sable noir et même quelques paillettes d’or. On doit utiliser ensuite la partie lisse des bordures pour finir le nettoyage et récupérer le métal jaune.
Le maniement du pan est décrit en détail dans l’article « comment utiliser un pan américain ?«
L’utilisation d’un pan américain ne nécessite pas un tamisage.
Pour répondre à la première question, entre le pan et la bâtée, lequel choisir ? Le mieux est le pan américain et la raison est assez simple : Son prix et sa facilité d’utilisation. C’est l’outil le plus vendu, le plus utilisé et le plus accessible.
Quelle forme de pan choisir ?
D’apparence simple, il existe pourtant de nombreuses formes de pans américains ; Ils se différencient par la taille, la matière, la forme globale, les riffles et la couleur.
La forme :
La forme de base d’un pan américain est circulaire , forme conique tronquée et fermée en sa base. Mais là où on distingue des différences, c’est sur l’angle et la profondeur des bords du pan. Il n’y a pas de mauvais choix en soi sur ce point. C’est juste une question de préférence personnelle. Sur les faits, il en existe certains avec des angles plus ouverts que d’autres. L’exemple typique est le pan de chez karma avec un angle de bord plus ouvert que le standard. Un angle ouvert permet de bénéficier d’une surface de nettoyage plus importante lors des phases finales, mais octroie une quantité à traiter plus faible. À l’inverse, un angle plus fermé (comme le pan super-sluice de garrett) permet une capacité de contenance plus importante mais demande des mouvements plus précis lors du rinçage.
La matière :
Il existe des pans en acier ou en plastique. Un pan en acier est durable dans le temps mais il coûte plus cher. Il en existe en plastique pour un prix moindre, mais comme on dit, « il y a plastique et plastique ». Certains pans sont plus fragiles que d’autres. En effet, certains ont tendance à se fissurer assez facilement comme les célèbres « pans noirs » ou « pans verts ». Préférez ceux dont le plastique est assez « mou » et épais, alors que le métal, lui, rouille pour augmenter son coefficient de friction mais ne casse pas.
Les dimensions :
Les pans existent en divers diamètres : 6, 8, 10, 12, 14, 15, 16 et 17 pouces (soit de 15 à 43 cm de diamètre). La taille standard est de 14 pouces soit 35,5 cm de diamètre ; cela s’avère être le meilleur compromis en termes de capacité et de facilité de manipulation lors du lavage. Les pans plus petits sont parfaits pour nettoyer les concentrés tranquillement à la maison.
La couleur :
Noir, bleu, verte, orange. Il y en a pour tous les goûts. Deux couleurs sortent largement du lot : le bleu et le vert. En effet, ces deux couleurs permettent un parfait contraste entre le jaune de l’or, le noir du sable noir et le rouge des grenats (présent sur la Garonne et en Bretagne). L’orange ou le rouge sont des couleurs trop proches de l’or et si vous orpaillez sur l’Ariège par exemple avec des grenats, vous êtes fichu. Le noir se confond avec le sable noir et rend la visibilité difficile lors du nettoyage final.
Les riffles :
Il existe 2 formes de riffles : des riffles en escalier et des riffles qui s’apparentent à des nervures. À choisir, il vaut mieux s’orienter vers des pans à riffles en forme d’escalier, plus efficaces. Leur taille est variable selon les pans (plus ou moins gros). Sur certains, il y a des tailles de riffles différentes. Techniquement, les riffles ne servent pas à grand-chose si on sait utiliser un pan correctement, mais les riffles permettent d’éviter la catastrophe en cas d’erreur. C’est plus une assurance pour ne pas perdre d‘or pour les débutants.
Vous avez beaucoup de pans disponibles sur le marché et tous se ressemblent beaucoup. Pourtant, nous tenons à mettre en avant une marque de pan qui a tout compris : Goldblitz dont vous avez la photo juste au-dessus. Il ressemble beaucoup au Klondike horsmis son positionnement des 2 tailles de riffles face à face, permettant un nettoyage de finition en 2 passages sur les parties lisses. Il a la particularité d’utiliser un plastique injecté de fibre de verre. Il est ainsi le pan le plus solide et durable du marché actuel.
Des pans un peu plus « exotiques » :
Les industriels de l’orpaillage débordent d’imagination en matière de design, avec plus ou moins de réussite d’ailleurs. C’est aussi une des principales qualités d’un orpailleur ; avoir l’esprit ouvert pour trouver de nouvelles formes, et faciliter l’utilisation des pans. Même si on peut dire que tous les pans se ressemblent, certains valent le coup d’être montrés.
Le turbopan :
Ce pan très atypique vient d’Australie. Il est utilisé en compétition d’orpaillage et utile pour la prospection. C’est un pan relativement plat avec un trou (puits à or) en son centre. Il se constitue de 3 parties : une zone de riffles en spirales, une zone de riffles plats en son fond, et une série de riffles sur une partie du bord relevé. Son utilisation est très particulière car il est à mi-chemin entre un pan américain et une bâtée traditionnelle. Il s’utilise en 3 phases. Une fois le gravier déposé, toujours en présence d’eau, on fait tourner le pan dans les sens antihoraire afin de faire éjecter les graviers légers.
Les riffles en spirale bloquent l’or derrière eux. Ensuite, on tourne dans le sens horaire pour vider les riffles et placer les matériaux coincés dans le puis à or. On répète ces 2 mouvements jusqu’à avoir le moins de matériaux possibles dans le puits. Enfin, on se sert des riffles concentriques pour faire du « panning » comme sur un pan américain. Le gros avantage de ce pan c’est que le nettoyage est plus rapide qu’avec un pan traditionnel. Le défaut de ce pan c’est qu’il est difficile d’isoler les paillettes en fin de pan (à cause du puits à or positionné au centre). C’est donc un pan qui s’utilise très bien pour faire de la prospection, mais pas du tout adapté pour traiter des concentrés.
Le maniement du turbopan est décrit en détail dans l’article « utiliser un turbopan »
Le plat Finlandais :
Sur le même principe que le turbopan, le plat suédois est la bâtée de compétition par excellence. S’il s’emploie comme un chapeau chinois, en utilisant exclusivement la force centrifuge, les riffles circulaires jouent un rôle d’arrêt des matériaux lourds, permettant ainsi de conserver les paillettes d’or dans le plat.
Le gold grabber :
Une forme très particulière, là encore. Un côté arrondi avec des riffles comme sur un pan classique et un côté rectangulaire et lisse. C’est un pan qui s’inspire du Trap Square Gold Pan. L’avantage de ce pan est qu’il est possible de traiter une plus grande quantité de graviers aurifères. La forme plate facilite le nettoyage final. Son fond rectangulaire et plat facilite la récupération de l’or avec sa pissette. Pas vraiment un inconvénient hormis sa taille, plus grande que celle d’un pan classique.
Le trinity glow blue :
Au premier abord, ce pan ressemble aux autres pans : rond, bleu, des riffles et au côté lisse … On a des choses bizarres. On a un piège à or du côté normalement lisse. À l’intérieur de ce piège à or se trouvent des petits riffles en V, puis sur le bord relevé, un canal implanté de marche. L’idée de ce concept d’utilisation est assez malin. Il s’utilise pour le tri final, afin de chasser au maximum le sable noir, en penchant le pan en présence d’eau, et en faisant des mouvements amples latéralement. Le but est de se servir du canal et de faire passer le sable noir par-dessus les marches, une à une. Un peu comme un Turbopan.
Cyclone Wet or Dry Gold Pan :
Vendu uniquement en kit, ce pan est vraiment très particulier. Pas vraiment utile en France , mais davantage dans les pays arides. Ce pan possède un trou où vient se fixer un tuyau relié à un soufflet à pied. Il peut s’utiliser avec de l’eau comme n’importe quel pan , mais il a été conçu pour travailler avec de « l’air ». Très utilisé en Australie, on branche le soufflet, on remplit le pan de sable et on injecte de l’air par l’ouverture. L’air remplace l’eau. L’air va faire s’envoler les poussières et les sables pour ne garder que le lourd. Si le gravier a une teneur supérieur à 30% d’humidité, ça ne marche pas.
Évidemment, il y en a beaucoup d’autres pans que nous ne pouvons pas énumérer sans monopoliser la page. Alors , même si certains de ces pans sont assez « sympas et atypiques », rappelez-vous que le design est souvent un moyen de vendre, que la simplicité permet d’avoir le meilleur rapport qualité/efficacité.
Quelques règles d’or :
En prospection, ne jamais utiliser de tamis. Quand je dis « prospection », je parle bien de quantification de paillettes sur une zone donnée par rapport à une autre, avant de poser son sluice dans une zone inconnue. On n’utilise un tamis que lorsque l’on sait ce qu’on a sous ses pieds.
Quand on fait du panning , il ne faut pas avoir peur de bien secouer au moment du débourbage, quand la quantité de gravier est maximale. Le débourbage a pour but de casser les morceaux d’argile grâces aux cailloux en présence, et de détacher les paillettes des roches. Chaque fois que vous secouez votre pan à plat, il faut y aller fort ; ça permet une meilleure migration des graviers légers vers le haut et des lourds vers le bas. Ne vous inquiétez pas, vous ne perdrez pas d’or.
La phase de tri des concentrés est très délicate au pan (mais pas le choix). Le concentré étant le résultat de ce qu’on récolte après un traitement au sluice, les graviers ainsi récupérés sont lourds et ont un contraste de densité très faible . La séparation des sables lourds de l’or peut alors devenir assez difficile. Évitez de le faire sur place au bord de l’eau, mais plutôt tranquillement chez vous. Traitez petites quantités par petites quantités. Si vous en mettez trop à la fois, vous allez vous décourager ; le tri est plus simple avec peu de matériel dans le pan.
Plus un pan prend de l’âge, plus il se bonifie. Quand on utilise un pan, on se sert beaucoup de la densité des matériaux pour garder le plus lourd, l’or. On se sert également beaucoup de la densité et de la capacité de l’eau pour évacuer le léger. La rugosité d’un pan aide beaucoup à accrocher encore mieux l’or sur la surface du pan. Certains fabricants l’ont pris en compte tel que Trap Square Gold Pan ou encore Minelab qui proposent des surfaces volontairement adhérentes et rugueuses. Pour les autres, plus lisses, on peut très bien passer de la toile émeri pour faire prendre de l’âge à son pan. De même, plus vous allez utiliser un pan, plus il sera rayé par les graviers ce qui augmente la rugosité de surface.
Entraînez-vous chez vous. Une bassine, un peu d’eau, un peu de gravier et quelques paillettes (ou à défaut des plombs de pêche ). Le quatuor idéal pour tester des techniques et parfaire son apprentissage. Essayez le tapping (action de taper sur le haut ou le côté du pan pour isoler l’or des graviers) ; c’est très utile pour le tri final et celui des concentrés, mais cela demande beaucoup de temps d’apprentissage.
Votre article sur les batée est vraiment très intéressant. Personnellement, je ne me sers que d’un pan pour chercher de l’or. Pour moi, un vrai chercheur d’or n’a nul besoin d’autre chose pour chercher ce métal précieux aurifère, une pépite d’or et autres sédiments et alluvions. Les zones aurifères dans les cours d’eau se trouvent partout et il faut , au contraire rester mobile et chercher partout et ce devrait être ça qu’on devrait apprendre dans tous les stages d’orpaillage. la batée c’est votre outil le plus important en orpaillage.