Comment utiliser correctement un Turbopan en orpaillage ?
Le Turbopan est un matériel assez spécial pour trouver de l’or en orpaillage. Peu de gens l’utilisent en condition réelle car il a l’image d’un pan atypique et peu pratique. Personnellement, je pense que les gens qui disent cela, en font surtout une mauvaise utilisation. C’est pourtant un pan spécifique pour la prospection. Il permet un tri assez rapide des minéraux et avant tout de comparer des spots. Il est vrai qu’il ne s’utilise pas pour isoler et trier l’or comme on peut le faire avec un pan américain. Je vais donc vous expliquer et vous montrer comment on se sert de ce pan. Bien utilisé, il deviendra votre outil préféré de prospection.
Son histoire.
Le Turbopan a été créé par un Australien du nom de Kim Hillier, géologue et prospecteur de profession. Son idée est née de son expérience avec l’utilisation du pan américain sur le sable noir. Il remarqua que dans certaines zones en Australie ou le sable noir est en très grande concentration, la séparation de l’or est rendue difficile. L’inventeur trouva que dans ce cas de sable noir important, un manque d’attention pouvait laisser échapper des paillettes. Il chercha alors un moyen pour fabriquer un tout nouveau pan capable d’évacuer facilement les sables tout en conservant l’or. Très vite, il s’orienta sur un pan hybride entre la batea et les riffles d’une rampe de lavage d’orpaillage.
Son but était donc de mettre au point un outil efficace, que n’importe qui pourrait utiliser y compris un débutant, et qui permette de piéger l’or, même dans des graviers globalement denses. Mais voilà, en France, beaucoup de ceux qui l’ont testé pensaient pouvoir isoler les paillettes parfaitement. Soyons clair, le turbopan n’a pas été fait pour cela. Le turbopan permet de nettoyer rapidement, sans risque de perte , et est parfaitement adapté pour la prospection mobile et la recherche de lieux aurifères. Cela dit, avant tout, il faut bien maitriser l’outil et apprendre les gestes.
C’est en 2005 que l’inventeur peaufine son pan. Son objectif était simple. Fabriquer un pan aussi efficace qu’un plat finlandais mais que l’on puisse utiliser hors compétition dans le milieu naturel. Il confie alors ses plans et ses idées à un ingénieur en CAO. Finalement, après 3 prototypes, nous voici en présence du Turbopan final que nous utilisons aujourd’hui.
Les caractéristiques du Turbopan.
Si on devait décrire le turbopan, on peut dire que c’est un croisement entre une batéa et un pan américain. Ce pan est relativement plat mais il est jonché d’une multitude de pièges que nous allons décrire.
Tout d’abord, au milieu nous avons ce qu’on appelle “le puits”. Un trou central où sera recueilli le précieux métal, l’or (se référer à l’image ci-dessus). Sur le fond plat en bas, nous avons une série de riffles en spirales. Ces dernières sont les pièges majeurs du dispositif. Sur le fond plat en haut, nous avons une série de marches concentriques qui serviront lors de la seconde étape du nettoyage. Enfin, sur le bord suivant les marches concentriques se trouvent des riffles communs a un pan américain.
Utiliser un turbopan est particulier mais, en soit, assez facile, si tentez que vous prenez la peine de suivre ce qui suit.
L’utilisation du Turbopan.
Quelle quantité et granulométrie de graviers ?
Le Turbopan est un pan de prospection avant tout. On l’utilise pour tester une nouvelle zone. Donc, le tamisage des graviers n’est pas nécessaire. Bien sûr, on fera en sorte d’enlever et nettoyer les gros cailloux. Pour la quantité de graviers, nous allons veiller à ne pas mettre plus d’1/3 du volume total du pan.
Utiliser un turbopan se fait en 3 étapes :
- La première étape est le nettoyage par effet centrifuge comme sur une batéa.
- La seconde étape est un nettoyage par lavage au riffles comme sur un pan américain.
- L’isolation des paillettes dans le puits central.
NB : il est très important de laisser reposer votre pan à la surface de l’eau et laisser l’eau supporter une partie du poids. Merci Archimède !
Première étape, le tri par rotation.
Comme tout pan d’orpaillage, le turbopan travaille toujours avec de l’eau, jamais à sec. Vous allez donc remplir votre pan de gravier, nettoyer et remplir la casserole d’eau.
Pendant cette première étape, il faut positionner le pan de telle façon que les riffles en spirales se trouvent au plus proche de vous, en bas. Les riffles de bord se trouvent tout en haut, à midi.
Le débourbage.
Le débourbage est l’action de briser les argiles et de nettoyer tous les matériaux où l’or pourrait être fixé. Dans notre cas, le débourbage diffère un peu du pan américain. Au lieu de secouer de gauche à droite, nous allons tourner le pan à gauche vers la droite comme si vous tourniez un volant de voiture, en gardant le pan a plat.
Les riffles en spirales feront tout le travail pour mélanger et malaxer les graviers a votre place.
Juste un doigt mais pas plus !
Une fois le débourbage terminé, il y a une petite action qui fera toute la différence. Le débourbage commence à mélanger les matériaux dans le pan. Il faut maintenant libérer la tension des graviers dans le puits du pan. Le puits est la zone où se concentrent les matériaux les plus denses. Il est donc important de libérer la tension créée par l’eau, les sables et les argiles pour laisser de la place dans la zone centrale.
La manipulation est très simple. Planter votre doigt dans le puits au milieu des graviers et faire 3-4 tours avec votre doigt.
Les premiers tours de graviers, il faut y aller doucement !
Maintenant commençons à faire valser les graviers. La première chose à faire est de faire tourner a plat votre pan, bien rempli, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Attention, car il faut tourner en faisant en sorte que les graviers restent bien dans le pan. Impulsez donc l’eau pour créer une vague et accompagnez cette vague continuellement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, sans faire éjecter les graviers ou l’eau en dehors.
Pendant ce mouvement, ce sont les riffles en spirales qui travaillent. Ces riffles ont la même forme que celles que l’on trouve sur les rampes de lavage ou tapis d’orpaillage. En faisant ce mouvement, l’or se bloque juste derrière les riffles qui se trouvent au plus proche de vous.
Puis, on amplifie le mouvement tout en le ralentissant pour éjecter les graviers.
Sans créer d’arrêt du mouvement, on va légèrement le modifier pour donner plus d’amplitude tout en ralentissant un peu la rotation. En amplifiant le mouvement, on fait en sorte de faire déborder l’eau sur les côtés du pan et en faisant entrainer les graviers en même temps.
NB : Vous pouvez donner une légère impulsion sur le mouvement lorsque la vague arrive en bas, vers vous, pour éjecter les graviers au-dessus de votre main droite.
NB : Très important ! Forcément, au bout d’un moment, dès les 2 premiers tours, vous aurez moins d’eau dans votre pan. Donc ,il faut aussi faire rentrer de l’eau en appuyant fort sur votre pan en plat tout en continuant à tourner. En enfonçant un peu plus le pan dans l’eau, il va se remplir. C’est donc le plus difficile, car il faut à la fois faire sortir l’eau et en faire entrer. L’astuce est de se servir d’une rotation pour faire rentrer de l’eau, alors que les autres servent à évacuer les graviers. C’est un coup à prendre.
En élargissant le mouvement, la vague tend à déborder. L’or étant piégé dans les riffles en spirales, le but est d’évacuer tout le reste. Avec l’effet centrifuge et la capacité de l’eau, les cailloux et sables moins denses seront éjectés.
NB : veuillez noter que les riffles en spirales ont la même forme (vue de dessus) que la vague que vous impulsez. Une forme idéale pour garantir un maintien de l’or au fond des creux sans risque qu’il s’échappe.
Il faut donc faire 10 à 15 tours.
On change de sens pour remettre au centre.
Maintenant, nous allons recentrer les graviers et l’or dans le puits. Pour cela, rien de plus simple. On se sert de la forme des spirales en faisant tourner le pan dans l’autre sens (sens des aiguilles d’une montre), et bien sur, sans débordement. Le but est de ramener tout au centre.
Quand passer à l’étape suivante ?
On recommence donc les rotations courtes, amples et de recentrage, jusqu’à obtenir une quantité de graviers suffisamment faible. Le bon point de repaire et d’arrêter lorsque vous arriver à rentrer tous les graviers dans le puits central.
NB : Si vous voyez partir des gros cailloux récalcitrants , arrêtez vos mouvements de rotations pour les enlever à la main.
Étape 2 : le nettoyage avec les marches.
Le volume de graviers ayant bien diminué, nous devons utiliser un autre agrès pour poursuivre le nettoyage. La seconde étape consiste donc à utiliser les marches. Nous allons nous servir de ces marches, non pas vraiment comme un pan américain, mais davantage comme on utilise Gold Claw.
La descente des marches.
Maintenant que les graviers sont tous dans le puits, on tient son pan dans une main, quasiment à la verticale (45 degrés). Les marches doivent se trouver vers le bas. Il faut rentrer le pan dans cette position dans l’eau (sous l’eau) jusqu’au niveau du puits.
Le geste consiste à faire dégringoler les graviers des marches jusqu’au bord. Pour ce faire, il faut secouer par des petits mouvements latéraux comme on le ferait avec un pan américain.
Au fur et à mesure que les graviers descendent, nous pouvez remonter votre pan pour que les graviers qui ne s’accrochent pas dans les marches restent toujours dans l’eau.
Le nettoyage avec les riffles de bordures.
Une fois les graviers en contact avec le bord, on finit de nettoyer les graviers avec les riffles de bord comme on le fait sur un pan americain.
NB : Vous noterez que pendant ce nettoyage par riffles de bord, les marches sont déjà remplies de sable noir et potentiellement d’or.
Balle au centre.
Lorsque ceci est fini, on remet tout le concentré au centre, dans le puits pour recommencer cette étape autant de fois que nécessaire.
Je vous mets ci-dessous une petite synthèse en vidéo de l’utilisation du Turbopan.
Isolation des paillettes d’or.
Une fois qu’il ne vous reste plus que quelques sables, on tentera de les isoler pour les récolter, mais le puits étant assez petit, cette technique reste assez difficile.
Pour cela, il faut tenir le pan à une main, en bas et légèrement le pencher vers le haut. Il faut également que le puits soit recouvert d’eau, sinon ça ne marchera pas. On va procéder en faisant du “tapping”, en tapant doucement mais rapidement sur le bord haut du pan.
Chaque choc avec la main fait remonter l’or et les sables lourds. Ajustez bien l’angle car , si l’angle de votre pas est trop à plat, tous les graviers vont remonter. Il faut donc trouver le bon angle qui permet de faire monter l’or et pas le reste.
NB : Cette technique fonctionne aussi pour un pan americain ou une batéa.
Il ne restera alors qu’à aspirer l’or qui se trouvera le long de la bordure supérieure. Si vous éprouvez des difficulté, vous pouvez très bien finir le nettoyage au pan américain.
Se servir du turbopan pour faire du Volume.
Le turbopan est vraiment un super outil. Encore faut-il savoir bien l’utiliser et sentir son potentiel. Sans conteste, la première étape et vraiment rapide et efficace. Il est donc possible d’envisager de traiter du volume de gravier pour le concentrer en or , comme le ferait une rampe.
Personnellement, je m’en sers lorsque je ne peux pas utiliser de rampe de courant. Ma technique est très simple. Je travaille avec un seau a coté et je dépose tout le concentré du turbopan dans le seau. Ce seau de concentré est ensuite nettoyé à la fin au pan américain. Une bonne alternative que peu d’orpailleurs utilisent quand ils ne peuvent pas se servir de rampe de courant.
NB : Le Hurrican pan de chez KARMA est une copie presque identique et moins chère que le turbopan. Même efficacité. Seule la surface des riffles en spirales changent, plus courte sur le Hurrican.