Techniques et prospection

Comment bien prospecter un placer pour trouver de l’or ?

L’orpaillage est une activité autant constructive personnellement que difficile dans son application. Cela demande un temps d’apprentissage, de l’expérimentation et de la réflexion. Il existe plusieurs types de configuration de rivières, et à chaque fois, cela demande des connaissances, de l’expérience et de la réflexion. L’une des premières zones à prospecter et certainement la plus facile et abordable, est le placer aurifère. Ces zones de placers ou bancs de graviers se trouvent généralement sur la berge intérieure d’un méandre comme nous l’avons déjà abordé dans une des pages de notre site.

En réalité, un banc de graviers est un système complexe qu’il est nécessaire de comprendre afin de prospecter et de l’exploiter au mieux.

Cette morphologie de cours d’eau se retrouve de façon préférentielle dans les bassins versants, une zone au bas des montagnes où la pente du cours diminue. Cette diminution de la pente pousse l’énergie de l’eau à travailler beaucoup plus le lit dans le sens latéral au grès des crues. Ceci se traduit par des zones d’érosion et des zones de dépôts de matières.

Dans d’autre pays comme aux États unis, le programme scolaire propose d’étudier l’hydromorphologie des rivières. Pour cela, les travaux pratiques se déroulent devant une table d’écoulement. Un parfait exercice pour comprendre ces zones de dépôts et d’érosion par l’eau.

Bien entendu, ce qui nous intéresse particulièrement ce sont les zones de dépôts. Comme vous pouvez le percevoir dans la vidéo, l’augmentation du débit (simulant une crue), accentue les phénomènes d’érosion et de dépôts. Nous comprenons donc que les cours d’eau changent continuellement, mais ces variations de débits sont favorables aux dépôts, plus particulièrement les dépôts de matériaux lourds avec si possible de l’or sur les berges intérieures des méandres.

Le point du placer.

photos représentant un placer aurifère en France
Sur la photo ci-dessus, nous nous situons au milieu d’un placer, le regard vers l’amont. Le début de la courbe commence tout au bout du banc, tout en haut.

Vous pouvez remarquer que dans ce type de configuration de placer, le banc est légèrement concave avec une pente progressivement forte en direction de l’eau. Ce phénomène n’a aucune incidence directe sur le dépôt de matériaux lourds.

Par contre dans un placer, une zone est à prospecter en priorité. Si vous regardez bien la photo du dessus, on peut remarquer 2 prospecteurs. Ils sont placés dans une zone bien précise qu’on appelle “le cœur du dépôt“.C’est une zone où le dépôt est maximal. D’une façon générale, ce cœur est placé sur les premiers mètres, voire une dizaine de mètres du placer. On parle de la pointe du placer. Il convient de prospecter plutôt en amont d’un banc de graviers plutôt qu’en aval pour les raisons suivantes.

  • La pointe du placer est la zone où la prospection sous les rochers de graviers aurifères est la plus payante.
  • L’accumulation de gros galets ou rochers est plus probable et, qui dit gros module dit gros poids. Si de gros modules se déposent au même endroit, les graviers et sables lourds aussi.
  • Les principales zones d’enrichissement en or se passent en amont du banc, puis, légèrement en arrière du cœur de dépôts dans le sillage de cette zone. La granulométrie varie aussi dans cette zone de dépôt. L’or plus fin parcourra plus de mètres en arrière de la pointe. Cette configuration pourra également se localiser dans d’autres zones et en grande qualité.

NB : qui dit sable noir et matériaux lourds, dit paillettes d’or (si aurifère).

Les canaux de diffusion de l’or.

L’or n’est pas seulement disposé au cœur de la pointe. L’or circule également derrière ce cœur à travers des canaux de diffusion. Seule l’expérience et l’échantillonnage minutieux par prospection permettent de comprendre où et comment l’or circule sur la placier pendant une crue.

canal de diffusion de l'or sur un placer

Le canal de diffusion de l’or s’identifie par 2 critères visuels.

  • Les galets et cailloux, dans ce canal, sont de tailles supérieures par rapport à la dimension environnante.
  • Les modules (cailloux, galets) se teintent d’une couleur plus foncée ou sombre. Cette teinte est une mise en contact de ces modules avec du sable noir lors des crues. Notez également que dans des cours d’eau à grenats, cette couleur peut prendre une teinte rose.

Cette observation permet de faciliter le travail de prospection, et donc de trouver plus facilement de bonnes quantités d’or.

Le placer et le niveau de l’eau.

étude d'un placer vu de coté 1

La pointe aurifère est une zone légèrement bombée. La zone en bleu clair délimite la zone de variation de l’eau en été et hiver au moment où elle est au plus bas. Les zones de végétation traduisent un secteur dont l’érosion et les dépôts n’ont que peu d’impacts, donc généralement stérile. La pointe ne présente pas de végétation car c’est une zone ou l’érosion et surtout les dépôts sont fréquents. Les systèmes racinaires n’ont pas le temps de se développer du fait de la mobilité des matériaux à cet endroit.

étude d'un placer vu de coté 2

La période la plus tumultueuse est le printemps et l’automne. D’ailleurs, pour suivre les niveaux, je vous conseille le site Vigicrues. Pendant ces périodes, les fréquentes précipitations et les fontes des neiges printanières sont les périodes favorables aux grosses montées d’eau. C’est à ces moments là que la pointe et le reste du placer se trouvent souvent sous l’eau, période ou l’ensemble du placer bouge et les matériaux migrent. Si les phénomènes deviennent intenses, l’or aussi bouge. Il bouge soit en profondeur si la structure du banc est constituée majoritairement de gros modules, soit vers l’arrière si le banc est suffisamment dense et colmaté de graviers.

NB : veuillez noter les 2 mots en gras. Et oui un placer, comme une rampe, fonctionnent exactement sur le même principe.

étude d'un placer vu de coté 3

Bien sur, lors des grosses crues violentes, l’ensemble du banc peut se retrouver bien en dessous de la surface de l’eau, parfois même sous plusieurs mètres d’eau.

NB : Certaines crues particulièrement importantes peuvent également faire complètement disparaître un placer. Elle peut déstructurer et éroder entièrement le placer. Une zone de dépôt peut se transformer en zone d’érosion si la hauteur d’eau modifie les courants du cours d’eau.

Après l’observation globale du placer, l’analyse du sol commence.

La première chose à faire après avoir bien compris comment fonctionne globalement le placer, c’est de regarder la nature des modules et des graviers.

soulevez les galets pour voir les graviers aurifères

Nous allons chercher à faire parler ces graviers. On rentre dans la phase de prospection active. Nous allons donc choisir dans la zone identifiée par notre prospection globale, les graviers à tester.

Le but est de répondre a une série de questions et dans un ordre bien précis.

  • Y a t il de l’or ?
  • Si oui, quelle quantité (concentration d’or par volume de graviers) ?
  • Quelle taille de paillettes ?
  • Y a t il des matériaux lourds (sable noir, hématite, déchets de plomb et/ou fer) ?
  • Mesurer la proportion de sable lourd (plus il y a de sable lourd, plus le dépôt potentiel est important dans cette zone)

Maintenant, le but est de comparer un point de prélèvement par rapport à un autre en regardant, à chaque fois, les 5 points ci-dessus.

L’idéal est de noter tous les résultats de prélèvements sur un papier pour cartographier la zone.

Après un recueil de tests minutieux, vous serez capable de comprendre comment et ensuite pourquoi certaines zones sont plus intéressantes que d’autres. Un tel travail peut être fastidieux pour certains, gratifiant pour d’autres. C’est a chacun de voir ce qu’il recherche en orpaillage. Trouver de l’or ou comprendre où se trouve l’or.

une cartographie minutieuse de prospection est indispensable

Dans notre zone d’étude, les points d’échantillons en rose pale révèlent une absence d’or. La quantité d’or commence à être visible au niveau des points jaunes (1 à 3 paillettes par pan test). Sur les 2 points rouges, la concentration en or est particulièrement remarquable (entre 10 et 15 paillettes par pan test).

Ainsi, nous savons exactement ou creuser pour exploiter le placer au sluice. Ne pas faire ce travail, c’est s’exposer à remplir sa rampe de graviers pendant des heures et taper sur une zone rose pale.

NB : En orpaillage, il y a ceux qui restent bloqués sur la fausse idée que trouver beaucoup d’or permet de devenir riche. (je vous laisse lire l’article 121.3 du code minier pour comprendre que ce ne sera jamais le cas). Ensuite, il y a ceux qui prennent l’orpaillage comme un moyen de voir et faire autre chose, de connaître ce dont ils sont capables, de comprendre notamment les principes physiques et naturels et de les exploiter à bon escient. Quoi de plus gratifiant !

Après analyse, on en tire le bilan.

vu du dessus de la zone du cœur du placer aurifère

Au fur et à mesure de votre prospection, vous pouvez répéter cette méthodologie et découvrir de nouvelles zones fonctionnant sur le même principe que la première fois. Il peut donc y avoir plusieurs cœurs sur le même placier. Finalement, ce constat reste logique car les crues chanfreinent mais elles ne se ressemblent pas. Les dépôts suivent cette même logique; Un dépôt ne sera jamais exactement identique d’une année à l’autre, en fonction de la puissance des éléments.

Sur le même principe, pensez également en 3 dimensions. Vous pouvez avoir un dépôt sur les 30 premiers centimètres de graviers, puis tomber sur une couche de graviers particulièrement stérile, car la goldline a pu changer de chemin avant le dernier dépôt riche en or. Ensuite, vous pouvez retomber sur une nouvelle couche encore plus riche que la première à 60 cm.

Cependant attention, si vous devez en arriver là, je vous donne 2 indications importantes:

  • Si vous devez sonder en profondeur, faite un trou de petit diamètre, afin d’être efficace.
  • Si vous devez creuser et exploiter profondément, rebouchez vos trous avant de partir, ceci afin d’éviter des accidents , mais aussi pour donner une belle image de l’orpaillage. Pour reboucher utilisez de gros galets. C’est plus facile à reboucher mais aussi à enlever pour reprendre le travail un autre jour.

4 réflexions sur “Comment bien prospecter un placer pour trouver de l’or ?

  • Je suis dans l’Allier et je n’ai rien trouvé, pouvez vous m’aider ?

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    • D’abord ,il ne faut jamais baisser les bras. Ensuite il faut savoir que par endroit il n’y a pas du tout d’or donc il ne faut pas hésiter à changer d’endroit.

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  • Posez cette question sur n’importe quel autre forum et la seule réponse que vous obtiendrez est “faites vos recherches”. C’est un super article, tout simplement exceptionnel.

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    • Mon objectif ces jours-ci est d’essayer d’élaborer des réponses extrêmement détaillées à un seul endroit. Toutes les questions futures sur le même sujet y sont alors dirigées. Cela signifie plus de travail en amont, mais fait gagner beaucoup de temps plus tard. Et la seule réponse peut être modifiée, ajustée et mise à jour. Le faire faire partie d’un fil où d’autres peuvent apporter leurs propres détails le rend encore plus agréable.

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