Techniques et prospection

Comment orpailler des placiers marins sur les plages ?

Un placier (ou placer) peut être défini comme un dépôt superficiel formé par la concentration mécanique de particules minérales provenant de débris altérés et qui viennent se déposer sur les plages du littoral. Les placiers marins sont principalement des minéraux métalliques ou des pierres précieuses voire nobles qui ont été transportés sous forme solide dans la mer. Ce sont des minéraux résistants mécaniquement et stables chimiquement qui ont été libérés lors de l’érosion du bedrock et autres zones érosives. Ces roches sont d’origine ignée, mais les roches métamorphiques et sédimentaires peuvent également libérer des minéraux de placiers marins lors de leurs décompositions.

Ces placers marins se trouvent presque entièrement dans les environnements peu profonds des plateaux continentaux. L’or vient des zones montagneuses et est transporté par les cours d’eaux. Nous savons tous que les rivières, puis les fleuves se jettent dans les océans. Il est donc logique que l’or suive ce même chemin, si toutefois, il ne s’est pas déposé avant.

En tant que chercheur d’or et d’aventures, voici pour vous un nouveau terrain de jeu, original. Vous devez comprendre que le potentiel d’occurrence de dépôts de placers dans les accumulations sédimentaires des plateaux continentaux sont importants. La possibilité de trouver de l’or dans les plages existe. Cependant, les connaissances actuelles sont rares, principalement limitées à propos des dépôts du fond marin sur les eaux peu profondes et leurs facteurs. Ainsi, la nécessité d’une approche de recherche intégrée sur les mers européennes est imminente, compte tenu des demandes actuelles de matières premières et des avancées technologiques d’exploitation, vers une utilisation et une gestion durable du sous-sol. L’or n’est pas le seul minéral concerné par ce type d’exploitation.

Il existe 2 types de placiers marins : le transgressif et le régressif.

Le placier marin transgressif.

La caractéristique du placier marin transgressif se base sur le fait de mise à nu du placer. Les vagues concentrent les grains de sable de densité plus élevée par dépôts sélectifs des vagues. Dans un second temps, il y a un effet d’entraînement sélectif des grains de densité inférieure par les vagues de retrait.

Dans les situations où la mer érode facilement les plaines côtières, les vagues érodent la face du rivage et éliminent les sables sédimentaires légers jusqu’à la base des vagues. Si nous voulons imager le phénomène, c’est exactement ce que nous faisons lorsque l’on termine le tri au pan américain, sur le fond plat de ce dernier pour isoler les paillettes d’or.

Celle-ci est généralement de 10 m de profondeur et à une distance de 1 km au large des côtes. Ceci se traduit alors sur une surface plane du fond marin sur les littoraux à dominante ondulée curviligne. Des placiers marins de transgressions se trouvent tout près des terres et à quelques mètres de la surface, coupée par les ondes de transgression. La zone est cependant alimentée en minéraux, soit par des poches déjà en place (faces côtières ou falaises), soit par des sources distales (rivières ou fleuves). L’épaisseur des dépôts de placers transgressifs dépend principalement de la plage et des marées. En France, l’exemple parfait de ce type de placiers marins transgressifs est la dune du Pilat, réputé aurifère. Hélas, la zone est interdite à l’orpaillage par arrêté préfectoral et est classé SCL0000575.

Paillettes d'or trouvé en orpaillage sur les plages de Bretagne

Les placers marins transgressifs ont obtenu leur charge minérale à partir d’un processus en deux étapes : un dépôt initial de minéraux sur une plage, suivi par le remaniement de cette plage due à l’érosion du sable par les vagues. Un processus répété à plusieurs reprises et de façon continue donne une concentration minérale élevée et un assemblage minéral lourd le long du rivage.

Le placier marin régressif.

Les baies côtières et les deltas, dominants sur les vagues, peuvent montrer des monticules sub-parallèles de crêtes et des structures appelées crêtes de plage à peu près alignées le long de la côte.
Ces crêtes de plage , constituées de bermes accrétantes, sont souvent longues de plusieurs kilomètres, espacées de 50 à 150 m et hautes de 1 à 3 m. Ce sable peut provenir des rivières, mais le sable peut également dériver du sol marin lorsque le sable est transporté par les vagues.

Ceci se présente comme une asymétrie des vagues de déferlement se déplaçant le long de la face du rivage, poussant les minéraux les plus grossiers (et, par conséquent, les plus denses) vers le haut du littoral pour déposer du sable grossier vers le haut. C’est exactement ce que nous avons en Bretagne. Étant donné que les crêtes de plage accumulent des minéraux qui ne subissent pas d’érosion transgressive marine. Il y a donc un empilement de dépôt de sédiments par strate, les uns par-dessus les autres.

Comment orpailler les placiers marins et donc les plages ?

Un savoir-faire particulier.

En orpaillage, traiter du sable, si en plus il est aurifère, est une aubaine. Pas besoin de tamiser, et donc, on a la possibilité de traiter beaucoup de volume. Mais dans ce cas présent, nous allons être confrontés à la présence de sable noir en grande quantité. Ce sable noir a une très forte densité et demandera d’orpailler en prenant son temps. Au contraire, il faudra être assez minutieux car les différences de densité entre le sable et l’or seront assez proches et l’or souvent très fin. Comme vous n’aurez certainement pas de rampes de lavage (si ce n’est qu’une rampe hors courant), il faudra tout faire “à la main”.

Si vous voulez faire du volume au pan, cherchez juste à concentrer l’or sans l’isoler. Adoptez le même principe que ce que fait une rampe de lavage. Éliminez un maximum de sable au pan et versez votre concentré dans un contenant que vous traiterez tard chez vous. Même si le sable est prépondérant, n’hésitez pas à tamiser un peu pour écarter les coquillages ou débits végétaux.

Où prospecter et où chercher ?

En France, il y a très peu de placiers marins aurifères, mais il en existe. Le plus connu est la Bretagne dans son ensemble, le long des falaises plus particulièrement. Il y a également d’autres endroits moins connus, par exemple la zone de la Dune du Pilât ou encore les plages du sud de l’estuaire de la Garonne, jusqu’à Mimizan. Enfin, il y a aussi les plages qui entourent l’estuaire de l’Adour, du côté d’Anglet. Orpailler une plage est comme orpailler une rivière, il faut faire une déclaration en Préfecture, même pour une activité estivale.

Cherchez des sables plus foncés qui ont une composition plus élevée d’hématites, de magnétites et des autres composants du sable noir. C’est là que l’or se cache. Vous constaterez que le sable noir se formera en couches et en strates dans le sable. Creuser un trou vers le bas montrera souvent qu’il existe plusieurs couches de dépôts. Certaines strates peuvent être très riches en or alors que d’autres peuvent être stériles.

Faites des tests un peu partout sur la plage que vous prospectez et recherchez des endroits les plus prometteurs. En fonction des marées, une zone autrefois riche peut devenir stérile la fois d’après. Amenez avec vous un aimant à sable noir. Ce matériel vous sera bien utile pour vous faciliter le travail, en éliminant la magnétite.

Évitez les zones proches des gens (parking, snaks, …) afin de ne gêner personne ni d’être gêné par les curieux. Une chose est sûre, orpailler une plage est davantage une expérience personnelle qu’un réel intérêt volumique d’or.

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