L’orpaillage en Guyane – L’or vert en danger
La Guyane Française est le département français de l’orpaillage d’exploitation. Depuis plusieurs années voir des décennies, nous entendons parler beaucoup de l’orpaillage en Guyane, plus particulièrement de la déforestation de la forêt Amazonienne et des impacts écologiques dus à l’utilisation du mercure et des autres produits chimiques d’extraction pour trouver et récolter de l’or. Nous allons voir ensemble pourquoi la Guyane connait un tel intérêt, mais également pourquoi l’extraction de l’or induit un tel impact environnemental.
Pourquoi la Guyane est-elle si convoité ?
Tout d’abord, il faut savoir que la Guyane est un ancien département qui est devenu depuis peu, collectivité territoriale. Elle appartient à l’État Français mais son statut a évolué ainsi afin de faciliter sa gouvernance administrative. L’un des intérêts principaux de ce territoire est ce qu’il se trouve sous les racines de la forêt amazonienne. L’or. Sa situation politique est très complexe car, la France est en cogérance avec l’Europe, les Caraïbes, et l’Amérique du Sud.
Pourquoi est-ce si compliqué ?
Pour comprendre, il faut se plonger dans l’histoire de la Guyane. Elle a été découverte lors de l’exploration coloniale en 1604 et portait le nom de “France Équinoxiale”. Suite à l’échec de l’état Français au XVIIe siècle dans l’implantation de la France au Brésil, la France eu droit à la Guyane comme lot de consolation lors des négociations de partage du territoire. Avec ce territoire, la France put acquérir cette terre, normalement destinée aux explorations. Or, la réalité est toute autre: Un territoire peu praticable, enclavé par un enfer vert qu’est la forêt amazonienne, qui empêcha au territoire de servir pleinement les intérêts Français. Ce n’est que sous Napoléon III qu’elle put servir de bagne, ce qui continua d’entacher son image de terre “inutilisable”.
L’abolition de l’esclavage en 1848, permit par la suite de laisser à ce nouveau peuple “des anciennes colonies” de prendre possession de ce nouveau territoire et de le faire vivre. Et petit a petit, le regain de la Guyane s’accroît notamment par sa position stratégique pour Ariane Espace et son centre d’envoi spatial à Kourou. Dans les années 70, les différentes Guyanes Britannique et Néerlandaises eurent leurs indépendances sauf la Guyane Française. Finalement ce c’est qu’au 1er janvier 2016 que la Guyane devient Collectivité Territoriale de Guyane.

Aujourd’hui le mal-être de la Guyane se joue sur une situation politique assez difficile, car entre-tiré par des pays voisins totalement libérés et le maintien de la tutelle Française et Européenne.
Le grain d’or qui bloqua le mécanisme.
Mais voilà ! Un autre problème vient s’ajouter sur la balance. La Guyane est considérée comme le pays ayant la plus grande réserve aurifère au monde. En effet, selon certaines estimations, ce serait plus de 180 tonnes d’or par an qui pourraient être extraites.
Comme nous le savons tous, la détention d’or pour un état est une réserve des plus importantes. En plus de pouvoir l’extraire, sa valeur est cotée en bourse. Depuis plus de 30 ans, le cours de l’or ne cesse d’augmenter. C’est donc directement la richesse de l’état qui augmente par sa seule détention. De plus depuis 2016, l’or est devenu une ressource d’État. L’or extrait est soumis a sa demande exclusive et pour son propre compte. L’or rentre en compte dans le calcul du PIB, donc des comptes de l’État et donc de sa dette. L’or influe dans la santé économique de l’État Français.
Tant de ressources suscitent forcément les convoitises. Bien que les exploitants mandatés par la France soient déjà sur place, il faut également compter sur les États voisins, pour venir exploiter en douce un territoire Français, peu contrôlé de part la densité de la forêt amazonienne et le peu de forces et de moyens en place pour protéger ce territoire. C’est ainsi qu’à ce jour, près de 10 000 orpailleurs illégaux opéreraient actuellement dans l’ancien département français, et 95% de l’or de Guyane partirait directement au Brésil, via ces orpailleurs illégaux.
Pourquoi l’orpaillage illégal existe t-il en Guyane ?
La Guyane Française est riche en or. Son exploration aurifère a commencé en 1856 mais elle s’est très largement intensifiée depuis les années 60.
L’orpaillage illégal est avant tout un sacré business, non pas pour la Guyane mais pour le Brésil. Depuis 1970, le Brésil a considérablement évolué dans ses méthodes d’extraction de l’or, en particulier en utilisant le mercure en plus des moyens mécanisés. Cela fait depuis les années 90 que les chercheurs d’or brésiliens ont extrait la quasi-totalité de leur réserve naturelle aurifère. Depuis lors, ils ont vu, par la présence de la forêt “aux poumons d’or”, hostile et difficilement praticable, un moyen de grappiller les ressources de ses voisins. Les anciens “garimpeiros” (nom donné aux orpailleurs brésiliens creusant dans les puits pour rechercher les veines aurifères) se sont donc mis dans l’exploitation dans les pays étrangers bordant le pays. Cela a commencé par le Suriname, puis le Guyana et enfin la Guyane Française.
La plus grande difficulté géopolitique avec la Guyane Française c’est que la frontière avec le Brésil représente 60% de la frontière du département français, et au beau milieu de la forêt dense. Une aubaine pour le Brésil car elle peut exploiter des zones très peu contrôlées par l’armée française, tant le territoire est immense.

Ces orpailleurs illégaux utilisent du matériel léger avec des rampes de lavage ou des dragues mais sont très efficaces dans la prospection. L’impact de l’orpaillage illégal ne serait pas si important s’il n’y avait pas tout un système et une organisation robuste pour organiser ce pillage.
Le garimpo n’est pas seulement une activité d’extraction aurifère, c’est aussi une société et tout un système économique. Les chantiers d’orpaillage consomment de grandes quantités de ravitaillement et de carburant qu’il faut leur livrer. Il y a donc une chaîne logistique qui s’installe avec ses emplois spécialisés, du porteur à pied au pilote de pirogue ou de quad. Les orpailleurs veulent aussi des distractions, des bars pour dépenser leur paie, des prostituées… Des villages apparaissent en pleine forêt proposant ces services.
Les méthodes d’extraction sont, elles aussi, parfaitement étudiées pour être efficace. Le plus utilisé est le mercure. C’est ce qu’on appelle “l’amalgamation“. Cette technique est assez ancienne et elle est très polluante. L’Or en présence de mercure a tendance à se mélanger et former un “amalgame”. Ce composé solide, est ensuite passé dans un four pour détacher le mercure de l’Or. Il faut 1.3 kilos de mercure pour extraire 1 kilo d’or.

Quel est l’impact de l’orpaillage sur l’environnement ?
Clairement, les méthodes employées par les orpailleurs illégaux tournent quasi-entièrement autour de produits chimiques. Cela peut être du cyanure ou de l’arsenic mais étant donné leur coût, c’est majoritairement le mercure qui est employé. C’est ainsi que l’on peut nommer l’or issu de l’orpaillage illégal en Guyane, “l’or sale”. En plus d’être un trafic, l’orpaillage a un gros impact sur l’environnement et sur les hommes.
Un impact pour l’environnement et les hommes.
Un double problème se pose. Le sol Guyanais est naturellement chargé en mercure. Le fait de remuer la terre pour en extraire l’or, libère le mercure dans l’eau libre, qui se déverse ensuite dans les cours d’eau. Cette eau est ensuite consommée à la fois par les habitants en aval mais également l’ensemble des animaux qui sont chassés, péchés et consommés. Le mercure étant un métal lourd, il ne s’élimine pas par le système immunitaire et s’accumule dans le sang, les tissus et les organes. À cela s’ajoute le mercure à haute concentration qui est utilisé par les orpailleurs clandestins.
Les orpailleurs ont besoin de terres (aurifères) pour y récupérer l’or. Ainsi, on estime à 10 000 hectare, la surface défraîchie de forêts vierges par l’orpaillage illégal en Guyane. Lorsque l’exploitation est terminée, comme tout est illégal, le matériel de faible valeur (déchets, machines en panne, matériels de la vie quotidienne) est laissé en pleine nature.
Même si les populations de fortes densités sont souvent loin des zones d’extraction, ce sont les autochtones et autres amer-indiens, qui vivent dans ce milieu aussi naturel qu’hostile, qui en pâtissent de par leurs cueillettes ou chasses de survie.
Les industries légales ne sont pas en reste.
On parle beaucoup d’orpaillage illégal en Guyane mais il y a également une activité entièrement cadrée. Pour le cas des entreprises française, l’utilisation de mercure est entièrement interdite conformément au code minier depuis 2006. Exactement comme pour nous, orpailleurs amateurs, les industries minières se doivent de remettre en état la mine exploitée, mais également dépolluer la zone et reboiser.

Hélas, il a été relevé que cela n’est pas toujours fait. Le président de la république Française a fait savoir qu’un effort important devait être déployé dans ce territoire à la fois pour protéger ce lieu protégé, classé “patrimoine de l’humanité” et d’avoir une démarche plus éthique et responsable.
Quels sont les moyens pour lutter contre ce fléau écologique ?
La première démarche qui a été mise en avant est de mieux tracer la qualité de ce minerai. À l’image de “max havelaar”, la France et les collectivités locales ont mis en place un or labellisé comme “propre et responsable“. C’est ainsi que l’or Guyanais est maintenant soumis à traçabilité jusqu’au produit finit. Cela va dans le sens de la situation actuelle sur la récolte et la vente d’or provenant du sol Français (même pour nous). L’or est rentré et est destiné à suivre le cycle économique de l’or en France. Il doit pouvoir avoir raison de son origine.
Hélas, pour la Guyane Française, les volontés politico-économiques ne suivent pas forcément avec les investissements nécessaires pour y arriver. Peu de moyens sont mis sur la table pour vérifier que l’or illégal n’est pas blanchi par celui qui est légal, avant son arrivée au comptoir. Il faut mettre en place une grille de critères pour garantir l’origine de l’or dès l’exploitation. De l’autre côté de l’Atlantique, 82% des affineurs et bijoutiers français n’ont aucune idée de la provenance de l’or qu’ils manipulent. C’est justement ce que déplore le WWF France.

L’autre point fondamental est de garantir des moyens humains conséquents pour occuper le terrain. C’est le rôle de l’opération Harpie qui a pour but de lutter contre l’orpaillage illégal en Guyane depuis 2010. Hélas les missions et les moyens sont sous-proportionnés face à la surface à couvrir dans l’Amazonie Guyanaise.
Une mauvaise image qui raisonne chez nous, en métropole.
Même si la pratique de l’orpaillage de loisir en France est bien loin de ce qui se déroule actuellement de l’autre côté de la terre, pour l’opinion publique, souvent néophyte de cette pratique (voire même du simple mot “orpaillage”), on associe l’orpaillage à une image de déforestation, de destruction de la nature, et de pollution.

À notre niveau, nous nous devons d’être irréprochables et de montrer que pour nous, orpailleurs récréatifs, cela représente le plaisir de la recherche, mais aussi la chance de pouvoir profiter de la nature et de ce quelle nous offre. L’or est un passe-temps et non un moyen de se remplir les poches.
La forêt amazonienne est le “vrai or” de la Guyane. Nous, nous voulons conserver ce milieu naturel pour nos enfants et les leurs.